Kastenkrippe – Autriche, fin du XVIIIᵉ siècle

Cette Kastenkrippe, ou crèche en caisse, appartient à une tradition née à l’époque des réformes de l’empereur Joseph II. Soucieux de rationaliser la religion, celui-ci jugeait certaines pratiques trop somptueuses ou trop théâtrales et limita l’exposition des grandes crèches baroques dans les églises. Les fidèles des régions alpines, attachés à leurs crèches très élaborées et parfois animées, les déplacèrent alors vers la sphère privée.

Pour pouvoir les montrer sans attirer l’attention, on les fabriquait dans des boîtes, tiroirs ou niches murales dissimulées derrière une image pieuse : il suffisait d’ouvrir la caisse pour faire renaître la Nativité. Les figurines étaient réalisées avec des matériaux simples — mie de pain, sciure, colle ou plâtre — mis dans des moules avec une grande finesse.

Un détail rend cette pièce particulièrement précieuse : la présence du personnage populaire appelé « le Joyeux », décrit dans la tradition orale comme systématique dans les crèches anciennes. Sa présence permet de dater notre Kastenkrippe de la fin du XVIIIᵉ siècle, au cœur même de la période josephine.

Chaque année depuis 25 ans qu’elle est dans notre collection, elle émerveille, interpelle et peut-être inspire — dans un temps où, pour d’autres raisons, les crèches sont parfois chassées ou interdites des lieux publics.

👨‍👩‍👧‍👦 Visites guidées sur rendez-vous

Des groupes de tous âges – enfants, seniors, classes ou paroisses – sont les bienvenus pour des visites commentées

🎁 À découvrir également

Le calendrier de l’Avent en ligne

Le marché de Noël de Montreux s’est agrandi sur Vevey

Le charme de Vevey, son lac, ses musées, ses 300 commerces…

📍 La Clef de Sol – Vieille ville de Vevey – www.clefdesol.ch

🕰️ Du 1er novembre au 10 janvier – Entrée libre

📞 Visites guidées sur demande 021 921 22 53

version longue

Une Kastenkrippe sous surveillance impériale

Lorsque l’on s’approche doucement de cette Kastenkrippe, une petite crèche nichée dans une caisse de bois, on découvre bien plus qu’un simple décor miniature.
On entrouvre un chapitre entier de l’histoire autrichienne, écrit à la fin du XVIIIᵉ siècle, à une époque où l’empereur Joseph II rêvait de transformer son empire… parfois jusqu’aux traditions les plus intimes.

L’Autriche d’avant les réformes : un monde fermé ancré dans le catholicisme

Contrairement à une grande partie de l’Europe, l’Autriche était restée pratiquement imperméable à la Réforme protestante. Vallées alpines, couvents et paroisses maintenaient un catholicisme fervent, vivant, mêlé de dévotions populaires.
On y priait, on y chantait, on y célébrait d’innombrables saints — et surtout, on construisait des crèches, véritables petits théâtres sacrés.

Dans les pays alpins — Tyrol, Salzbourg, Haute-Autriche — la crèche n’était pas seulement un objet religieux.
C’était un spectacle miniature :
mécanismes discrets, scènes animées, personnages nombreux, petits dialogues joués par les fidèles.
Un art à la fois humble et flamboyant.

Joseph II : un réformateur éclairé face à la flamboyance religieuse

Avec Joseph II arriva un vaste programme réformateur.
Son ambition était double : améliorer la société et rationaliser la religion.

Sur le plan social, ses réformes furent novatrices :

  • création d’hôpitaux,
  • développement d’écoles,
  • modernisation de l’assistance publique.

Mais sur le plan religieux, l’empereur jugeait que certaines pratiques étaient trop somptueuses, trop coûteuses, trop éloignées d’une liturgie qu’il voulait utile, morale et sobre.
Il fit donc :

  • épurer les églises,
  • réduire le nombre de saints célébrés,
  • supprimer certains monastères jugés sans fonction sociale,
  • encadrer étroitement tout ce qui paraissait superstitieux ou trop théâtral.

Dans ce mouvement, les crèches baroques furent elles aussi visées.

Des crèches restreintes… mais pas supprimées

Joseph II n’interdit pas toutes les crèches :
il limita seulement leur présence dans les églises lorsque celles-ci :

  • étaient trop luxueuses,
  • comportaient des automates,
  • attiraient trop de monde pour le spectacle plutôt que la prière,
  • servaient à encourager les dons ou les marchés.

Il ne condamnait pas la Nativité :
il voulait éviter que la crèche devienne une “foire religieuse”.

Ainsi :

❌ Les grandes crèches baroques furent retirées ou dissimulées.

Les crèches privées se multiplièrent dans les foyers.
Les petites crèches simples restaient tolérées dans les églises.

C’est dans ce contexte qu’apparut une forme ingénieuse et discrète :
la crèche dans une caisse, la Kastenkrippe.

Kastenkrippen : les crèches discrètes de l’époque josephine

Pour préserver leur tradition, les familles développèrent ces crèches que l’on pouvait :

  • ranger dans un tiroir,
  • cacher dans une boîte encastrée dans un mur,
  • dissimuler derrière une image pieuse.

Le soir venu, on posait la caisse sur la table, on ouvrait la façade…
et la Nativité renaissait, aussi humble qu’émouvante.

Notre Kastenkrippe s’inscrit précisément dans cette période —
celle où la dévotion devait parfois se cacher pour survivre.

Des figurines façonnées avec ingéniosité

Les personnages, réalisés dans un moule à partir de pain de mie pétri, de sciure, de colle, dès fois de plâtre et de peinture, témoignent de l’inventivité populaire.
Matériaux modestes, techniques fines, expressivité étonnante :
tout ici parle d’une foi artisanale, patiente, tenace.

Un indice précieux : “le Joyeux”

Un détail donne à notre crèche une importance particulière.
Dans les crèches alpines les plus anciennes, la tradition orale rapporte la présence systématique d’un petit personnage surnommé “le Joyeux” — une figure populaire, souvent représentée souriante ou dans une attitude festive, comme un témoin de la joie humaine devant la Nativité.

Or, on retrouve ce “Joyeux” dans notre Kastenkrippe.

Sa présence est un marqueur très fiable :
elle permet de situer la création de cette crèche à la fin du XVIIIᵉ siècle, précisément à l’époque des réformes de Joseph II.

Un héritage retrouvé

Après la mort de l’empereur en 1790, les crèches reprirent leur place dans les églises.
Au XIXᵉ siècle, l’art de la crèche connut un nouvel essor, particulièrement dans les régions alpines où il perdure encore aujourd’hui.

Mais les Kastenkrippen du XVIIIᵉ siècle restent uniques :
elles incarnent la résistance douce d’une culture populaire,
qui, face aux réformes impériales, a choisi de créer, d’adapter… et de continuer à célébrer.

En contemplant cette crèche, nous ne voyons pas seulement la Nativité.
Nous voyons une époque, une famille, une astuce, une tradition —
et le sourire intemporel du “Joyeux”, témoin discret d’un monde miniature chargé d’histoire.

Chaque année depuis 25 ans qu’elle est dans notre collection, elle émerveille, interpelle et peut-être inspire — dans un temps où, pour d’autres raisons, les crèches sont parfois chassées ou interdites des lieux publics.

Lieu d’origine

Notre crèche vient de Steyr, une ville où la tradition des crèches est encore aujourd’hui particulièrement vivante. Steyr est également connue pour le Steyrer Kripperl, un théâtre historique de marionnettes à tringle, l’un des derniers encore joué en Europe. Ce théâtre met en scène des anecdotes locales, des scènes de métiers et des petits tableaux satiriques inspirés de la vie biedermeier de la région, accompagnés de textes et de chants transmis de génération en génération.

Steyr abrite aussi la célèbre crèche Pöttmesser de Christkindl :

  • Dimensions et personnages : elle compte 778 personnages sculptés, mesurant jusqu’à 30 cm de haut, installés dans un paysage de 58 m².

  • Création : les figurines ont été sculptées par le Sud-Tyrolien Ferdinand Pöttmesser, tandis que le décor paysager a été conçu par le Steyrer Josef Seidl.

  • Exposition : elle est présentée, avec une crèche mécanique de Karl Klauda, dans un bâtiment annexe de la paroisse de Christkindl. Ensemble, elles figurent parmi les plus grandes crèches du monde.

Cette richesse culturelle fait de Steyr un haut lieu de la tradition des crèches, un héritage auquel notre propre Kastenkrippe est intimement liée.

Ouverture exceptionnelle

le 22.12. de 9h – 18.30

le 23.12. de 9h – 19h

le 24 décembre ferméture à 17h 

Fermé le 25 et 26 décembre 2025

Fermé le 1er et 2 janvier 2026

Exposition de crèches de Noël

du 1 novembre 2025 au 10 janvier 2026